Il est des histoires qui s’écrivent hors du temps. Celle-ci est pleinement dans le sien, celui d’aujourd’hui et de maintenant. C’est une page de l’histoire qui s’écrit car elle affirme avec insistance les besoins des personnes d’un changement profond du modèle de société qui nous est imposé par les lois de la finance et de la globalisation du monde. Sur fond, entre autres, de guerres et de crises socio-écologiques, ce monde est souvent désespérant. D’une certaine manière, il a été désenchanté et déshumanisé, vidé de sens par la logique du profit : une logique de la prédation, l’a réduit à une sorte d’abstraction. Que peut-on et que doit-on faire pour contrer cela ? RÉSISTER.
Comme dans d’autres endroits de la planète et à Marseille en particulier, le football, sport universel par excellence, est un formidable vecteur d’intégration et une sorte de religion qui permet aux personnes de se relier entre elles.eux. Sur la pelouse synthétique du quartier d’Endoume, les corps prennent place dans la nuit, au cœur de cette ville, aux pieds de la Bonne Mère. C’est elle, qui veille sur tous les marseillais·es, quelle que soit leur origine ethnique, sociale, leur couleur de peau, leur identité sexuelle, leur identité de genre : leurs différences. C’est la Bonne Mère de l’inclusion.
Sur les terrains des stades Tellène, Tasso, Busserade, Lucchesi, Ste Elisabeth,… à Endoume, aux Catalans, à la Belle de Mai, au Merlan, à la Blancarde, à Perrier ou ailleurs,… les joueur·euses arrivent dans un univers amical et respectueux. Car tout commence par une ronde bienveillante, où chancun·e est invité·e à clamer son prénom et son pronom. Qui es-tu ? Qu’importe tes origines !!! L’essentiel est de ne pas se tromper sur qui tu veux être. Ne pas te blesser, être toujours dans la bienveillance, c’est ce qui est rappelé en début d’entraînement. Puis les gestes s’enchaînent avec ou sans ballon, les équipes se forment avec les débutant·e·s et les connaisseur·se·s du ballon rond. En bleu, en vert, en jaune, ou sans couleur, chacun·e prend place à côté de l’autre, avec dextérité ou maladresse, les encouragements fusent, les applaudissements aussi.
Ce travail photographique sur la section foot de l’association MUST me permet d’écrire une histoire collective à partir des diversités individuelles. Au-delà des photographies de sport, mon regard veut mettre l’accent sur les mouvements des corps, l’élaboration des gestes, les plaisirs du jeu et des moments de joie d’être ensemble. Il s’agit en quelque sorte de valoriser celles et ceux qui contribuent à construire une société plus respectueuse, plus bienveillante et plus inclusive. Ici, il n’est pas question de faire l’impasse sur l’économie du partage. C’est une lutte permanente, une implication quotidienne. Une URGENCE.
Franck Pourcel – mars 2024